Sirop de primevères
Qui ne connaît pas la primevère dont les gerbes, premiers signes avant-coureurs du printemps, éclosent dès fin janvier dans les talus bien exposés et explosent littéralement dès les premiers jours du mois de mars? Pas grand monde, il est vrai…
Mais qu’elles sont aussi excellentes à déguster, telles quelles en décoration sur les plats ou en sirop et qu’elles recèlent en prime d’intéressantes vertus médicinales, voici des éléments déjà nettement plus confidentiels.
Voici donc quelques explications sur ces plantes aussi utiles que sympathiques, ainsi qu’une recette simple à réaliser lors des premières journées radieuses de l’année…
A propos de primevères
Trois variétés de primevères poussent dans nos contrées. Si toutes sont comestibles, il n’en va pas tout à fait de même pour leurs propriétés.
La primevères officinale (Primula veris) est certainement la plus intéressante, de par la richesse de ses arômes et de ses propriétés. Traditionnellement, on lui prêtait la faculté de calmer les mots de tête et les états grippaux. Les analyses modernes de ses composants confirment ses pouvoirs adoucissants, expectorants (qui libèrent les bronches et les muqueuses), fébrifuges (qui font tomber la fièvre), diurétiques (qui font travailler les reins) et spasmolytiques (qui apaisent les spasmes musculaires).
C’est donc une alliée de choix pour les refroidissements, les rhumes et les grippes avec ou sans toux. Elle peut s’utiliser en sirop, mais je préfère la faire sécher avec son calice (la partie verte qui entoure la base des pétales) et l’utiliser en tisane, généralement avec d’autres plantes qui ont les mêmes propriétés. Je profite ainsi de ses capacités d’ « ouvre-porte »: elle facilite l’action des autres plantes.
On la reconnaît aux grappes de fleurs qu’elle forme en haut d’une tige et aux taches oranges qu’elle arbore à la base interne des ses pétales.
La primevère élevée (Primula elatior) possède un parfum un peu moins épicé que la primevère officinale, mais garde les même pouvoirs. Elle est un peu plus grande que sa cousine précédente et forme également des grappes en haut de ses tiges. Sa corole est un peu plus large mais ses pétales sont dépourvus de taches oranges.
Je l’utilise également en tisane, pour les mêmes indications que celles citées plus haut.
La primevère acaule (Primula vulgaris) est de loin la plus abondante. Comme son nom l’indique, elle ne fait pas de longue tige, mais pousse en touffe non loin du sol. Elle ne forme pas de grappes: chaque fleur pousse individuellement sur son support. C’est la variété qui égaie nos pelouses et nos talus dès les premiers beaux jours, celle que chacune et chacun d’entre nous a certainement en tête lorsque nous entendons le mot « primevère ».
Malheureusement, elle ne possède que peu de propriétés médicinales et n’entre pas dans les recettes de remèdes. A mon avis, c’est en revanche celle qui possède le goût le plus floral, avec une petite touche anisée sur la langue. En passant à côté d’une touffe, je résiste rarement à la tentation d’en prélever une corole et de laisser son arôme subtile envahir ma bouche…
Je l’utilise aussi volontiers pour décorer mes premiers plats de plantes fraîches de l’année et j’en fait un sirop plaisir dont vous trouverez la recette à la fin de cet article. Ses plus jeunes feuilles possèdent une saveur anisée nettement plus prononcée et peuvent aromatiser les salades ou les crèmes.
Sirop de primevères acaules
1. Pour la récolte, ramasser uniquement la corole, c’est à dire seulement les pétales, sans aucune partie verte. Comme les pétales sont soudés, il suffit de les pincer délicatement et de les tirer vers l’avant. L’ensemble vient très facilement.
2. Verser les fleurs dans un fait-tout et ajouter autant d’eau que nécessaire. Personnellement, je compte au moins un litre de fleurs pour un litre d’eau, voire plus. Plus vous aurez de fleurs, plus votre sirop sera concentré…
3. Porter brièvement l’eau à ébullition tout en veillant à bien noyer toutes les coroles. Retirer la marmite du feu et laisser reposer 12 heures.
4. Retirer les fleurs à l’aide d’une étamine et exprimer un maximum de jus. Pour ce faire, on peut presser les fleurs contre l’étamine avec une cuillère, mais je préfère simplement les presser dans mon poing (après m’être soigneusement lavé les mains…)
5. Chauffer à nouveau le liquide jusqu’à ce qu’il frémisse. Ajouter un kilo de sucre par litre en mélangeant doucement jusqu’à dissolution totale.
6. Stocker en bouteille. Je préfère utiliser des bouteilles munies de joints en caoutchouc. Dans tous les cas, il vaut mieux les stériliser en les remplissant d’eau bouillante avant d’y verser le sirop. Il se conserve ainsi environ deux ans.
Voilà! J’espère que vous avez eu du plaisir à lire cet article et que vous regarderez différemment les prochaines primevères que vous rencontrerez. N’hésitez pas à me laisser un commentaire pour poser vos éventuelles questions…
Si vous souhaitez m’accompagner à la rencontre d’autres plantes comestibles et médicinales, ou découvrir d’autres secrets cachés par Dame Nature si près de chez nous, vous pouvez consulter le programme de nos sorties. Quant à moi, je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel article…